Pour l’abstention sur les réseaux sociaux

Par Jérémie Peltier

Qu’est-ce qu’on peut bien venir chercher sur les réseaux sociaux pour qu’on y passe environ 1h30 par jour en France ?[1] Tout ce dont a besoin un individu pour bien vivre ? Menons l’enquête, faisons la liste de ces choses essentielles.

– La beauté ? Oui, si vous considérez qu’il y a quelque chose de profondément esthétique et qui nous transcende en regardant des selfies sur Instagram comme on regarde l’être aimé s’endormir.

– L’amitié ? Oui, si vous estimez qu’un retweet est la preuve d’une amitié inconditionnelle, le signe d’un ami qui vous viendra en aide quand vous aurez des problèmes d’argent.

– L’amour ? Oui, si vous être convaincu qu’amour et masochisme – le plaisir d’avoir mal, d’être humilié, de se faire insulter – ne font qu’un.

– La grandeur d’esprit ? Oui, si vous croyez encore au théâtre, à la sincérité et au sérieux des tweets de soutien ou d’appels à la révolte.

Moins essentielle mais tout aussi importante, il y a la célébrité. Oui, en effet. Vous pouvez la trouver sur les réseaux en tentant d’avoir un rôle de figurant dans le fameux film du fumeux « débat public ».

Mais à quoi tout cela peut-il bien servir si vous êtes totalement mort après moult insultes ? Si vous n’arrivez plus à dormir après un tweet mal fait ou un tweet pas fait ? Alors oui, je sais, on nous dira que les réseaux sociaux sont comme la politique : un sport de combat. C’est oublier que 8 % de la population française dit utiliser Twitter au moins une fois par jour[2]. Pour la politique proche des gens, on repassera.

Mais si vous tenez vraiment à comparer Twitter avec la politique, alors très bien. Faîtes sur les réseaux ce que vous faites déjà lors des élections depuis plusieurs années maintenant : abstenez-vous, devenez paresseux. Pour une fois, on ne vous en voudra pas. C’est même la France qui vous le demande.

[1] Global Web Index, décembre 2020

[2] Destin Commun. La France en Quête : Médias, 2019