Par Frédéric Hermel
Ben oui quand on est chirurgien on doit monter au bloc et on se tache avec du sang. Ben oui quand on est prof de maths on doit faire face à des élèves dispersés et bruyants qui ne comprennent pas l’intérêt d’une telle matière depuis l’invention de la calculette. Ben oui quand on est chauffeur de bus on doit prendre le volant et faire des tours et des tours dans la ville. Ben oui quand on est coiffeur on doit aimer les cheveux et les mamies qui racontent leurs vies d’avant et les soucis de couple du petit dernier. Ben oui quand on est boxeur on doit encaisser des coups de poing dans la gueule. Ben oui quand on est mécanicien on doit mettre les mains dans le cambouis. Ben oui quand on est comédien on doit apprendre des textes par coeur et monter sur une scène pour les déclamer. Ben oui quand on est comptable on doit lire des colonnes de chiffres et établir des bilans. Ben oui quand on est cuisinier on doit savoir couper des carottes et pleurer en épluchant des oignons. Ben oui, mademoiselle Osaka, quand on est une star de tennis, que l’on est la sportive la mieux payée de la planète, que l’on vient à Paris pour disputer les Internationaux de France, on accepte les règles comme tout le monde, on se plie aux interviews d’après-match et on ne prétexte pas la préservation de sa « santé mentale » pour réclamer des privilèges. Génération de la fragilité, de la victimisation, du tout droit sans devoir, du tout pour soi…
