Par Agnès C. Poirier
Depuis ce matin, les Anglais peuvent à nouveau s’étreindre en toute légalité. Jusqu’à hier minuit, tout embrasseur était en effet hors-la-loi. Les pauvres Gallois, eux, devront encore attendre avant de se serrer dans les bras, recrudescence du variant indien oblige.
Peu tactile, les Anglais n’ont tout d’abord guère souffert de ne plus pouvoir s’enlacer ; cela leur arrive si peu en temps normal, comparé à nous autres « Continentaux », nous autres « Latins » habitués à faire la bise à tout va, aux proches comme aux inconnus. Et puis, quelque chose s’est brisé dans l’inconscient collectif britannique, les sondages ont fini par montrer que le toucher, ce sens sous-développé Outre-Manche, leur manquait, finalement, terriblement. Ils osaient enfin l’avouer. Le plaisir de toucher l’autre et de l’être en retour, c’était un peu comme l’Europe, c’est après l’avoir perdu qu’ils ont compris à quel point ils l’aimaient, secrètement. Or contrairement à l’Europe qu’ils ne sont pas près de retrouver, ils vont pouvoir enfin se livrer au « hugging » : leur Premier Ministre Boris Johnson leur a promis, la BBC leur répète matin, midi et soir, c’est même écrit noir sur blanc sur les recommandations gouvernementales.
Et nous, Français ? Attendons-nous le feu vert du Président ou même du Pape pour nous embrasser à nouveau ? Quand nous sentirons-nous tout à fait libre de faire la bise comme autrefois ? Peut-être quand nous aurons atteint, comme les Britanniques, 69% de vaccinés. Alors, sus aux vaccinodromes ! L’étreinte est au bout de la seringue.
