Reviens, JVP, reviens !

Par Thierry Keller

En 2014, Jean-Vincent Placé, alors patron des sénateurs écolos, pestait contre ses troupes, dont il regrettait qu’elles s’intéressent à tout sauf à l’écologie : « On est devenu le parti des Roms et de la Palestine », persifflait-il.

Dans les milieux autorisés, on s’est beaucoup gaussé de Jean-Vincent Placé – ses manières, sa fatuité, sa ligne droitière… Si bien qu’aujourd’hui, l’homme végète dans les profondeurs du classement politique. N’empêche que, sept ans après sa punchline provocatrice, ses amis ont nettement recentré leur discours vers leur cœur de métier : arbres morts, Tour de France machiste et polluant, rêves d’enfants, méchants boomers… A leur manière, les écolos refont de l’écologie. Alors certes, ils peuvent encore faire mieux (les Roms et la Palestine de 2021 sont des mosquées islamistes ou des cours de récré dégenrées). Mais à quel prix ! Chaque jour qui passe, les écologistes français s’évertuent à rester minoritaires à jamais.

On pourrait s’en réjouir, on ne peut que s’en désoler. D’abord parce que les citoyens, dans leurs comportements, dans leurs consciences, méritent et réclament une écologie politique sérieuse, apte à gouverner. Ensuite et surtout parce que l’urgence climatique se fait pressante et qu’on ne trouve pas grand-monde pour rendre la planète great again.

Le 26 septembre prochain, une dirigeante issue des Grünen, Annalena Baerbock, a de bonnes chances de devenir la nouvelle chancelière allemande. Pas étonnant : outre-Rhin, les Verts ont depuis longtemps fait leur révolution ; ils dirigent des Länder, participent à des coalitions de droite comme de gauche. Bref, ils sont crédibles.

C’est peut-être le moment de sortir Jean-Vincent Placé du placard…